Rencontre avec mon cheval noir

« Les mystères de la vie, les plus beaux cadeaux de l’existence arrivent bien souvent sur le dos d’un cheval noir… » Linda Kohanov –Le Tao du cheval

Il y a quelques jours, j’ai rencontré mon cheval noir en rêve, ou plutôt ma jument noire…

 »J’étais en montagne, et il y avait là une sorte de piste de ski enneigée. Je montais la jument et me rendais compte qu’elle portait deux paires de rênes différentes toutes deux tressées. La première était très courte et je me disais que si la jument tirait un peu, les rênes allaient m’échapper facilement. La deuxième était très longue et je les attachais en une boucle.

Cette jument noire dont je ne connaissais pas le nom dégageait une grande puissance et je sentais son désir de partir au galop. J’avais une légère appréhension puis je m’élançais avec elle, faisant corps avec sa musculature puissante.

Je sentais que mon énergie devait monter en vibration pour être au diapason avec elle, sa force et son mouvement devenaient les miens et nous allions de l’avant ensemble au grand galop, descendant puis remontant à toute allure les pentes enneigées avec un sentiment de joie et d’exaltation.

 »

Que représente ce cheval noir dans mon rêve ?

Il occupe le devant de la scène et se manifeste dans son aspect féminin : une jument noire…

Du point de vue de la psychanalyse et de C.G.Jung en particulier, le cheval est le symbole du psychisme inconscient, non humain c’est-à-dire animal, une part de nous qui réside principalement dans l’ombre de l’inconscient.

Cette part est associée partiellement à nos pulsions instinctives, souvent en conflit avec notre Moi éduqué, formaté dans des croyances familiales, culturelles et religieuses. L’adaptation de l’humain « civilisé » se fait souvent au détriment de ces pulsions, ces forces de vie qui sont alors réprimées, refoulées comme on dit communément dans le jargon psychanalytique.

Plus le conflit est intense, plus il s’exprime de manière spectaculaire dans les rêves en particulier, véritable soupape de la « cocotte minute » psychique… Si la pression augmente, les rêves se transforment en cauchemars : « nightmare » en anglais qui veut dire littéralement « jument de la nuit » « Jument de la nuit » un joli nom pour la jument de mon rêve qui n’est pas un cauchemar, loin de là… Alors paradoxe ? Mystère? Qu’en est- il du message de mon rêve ?

Dans son livre, « Les racines de la conscience », Jung est lui aussi interpellé par un rêve de cheval noir raconté par un jeune homme épris de théologie et en proie à des questions existentielles.

Il est question de deux mages, l’un blanc et l’autre noir. Le mage noir raconte l’histoire d’un vieux roi qui, au moment de mourir, cherche pour lui un tombeau parmi les plus beaux de son pays.

Il en choisit alors un très ancien, celui d’une jeune princesse vierge, enterrée là depuis fort longtemps. Lorsque le tombeau est ouvert, les ossements mis à jour reprennent vie et se transforment en un cheval noir qui s’enfuit dans le désert et disparaît.

Le mage noir va partir à la recherche du cheval noir dans le désert…Il va le retrouver, entrain de paître au-delà du désert…c’est là qu’il va trouver en même temps les clés du paradis…

L’interprétation de Jung met en avant :

– D’une part la nécessité de se confronter à l’ombre (tout ce qui est sombre ou noir) pour gagner plus de lumière, c’est-à-dire de conscience.

– D’autre part le règne du vieux roi est celui de la conscience du moi, installée dans ses croyances et ses principes, et appelée à mourir pour un renouvellement.
L’inconscient pousse au lâcher prise des idées reçues, des stéréotypes de nos représentations mentales qui sont devenus des carcans et répriment le flux de la vie dans son expression naturelle.

La vie, l’instinct est associé au féminin, ce que Jung appelle l’anima, « celle qui nous anime », reprend ses droits face à un principe masculin, ou animus qui régit ce qui est du domaine de l’esprit et du sens.

De manière collective, depuis quelques siècles, notre culture s’est assise sur le pouvoir du masculin de l’esprit, qui englobe aussi aujourd’hui le monde du virtuel. Le développement de l’esprit rationnel, des sciences et des techniques a amélioré nos conditions de vie au quotidien.

Néanmoins, ces « progrès » sur un certain plan se sont faits au détriment de l’autre pôle, le principe féminin inscrit dans le corps, la réceptivité sensorielle et émotionnelle, l’intuition, bref la nature en nous, dont les qualités ont été enfouies comme la jeune femme enterrée dans le tombeau.

Il est nécessaire aujourd’hui de permettre que celle-ci revienne à la vie, et dans un premier temps elle prend la forme d’un cheval noir.

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